Lieux d'enregistrement :
Vertus
Enregistré en septembre 1997
SYR 141337
Iconographie
Le retour de David (Musée des instruments de musique de l'université de Leipzig)
Instruments
Vertus orgue Aubertin, 1996, de conception nord-allemande
Clavecin anonyme XVIIe, copie par Barthélémy Formentelli 1985
Né à Geising, en Saxe, le 6 avril 1660, Johann Kuhnau est sans conteste l'un des compositeurs germaniques les plus baroques au sens littéral du mot. A l'âge de dix ans, il est reçu, pour sa belle voix de soprano, "Ratsdiscantus" à la Kreuzkirche de Dresde où il débute sa formation musicale tout en étudiant l'orgue avec Christophe Kittel, organiste de la cour.
L'épidémie de peste de 1680 le contraint à quitter Dresde et, après un bref séjour dans sa ville natale, il rejoint Zittau et son ami le Kantor Erhard TItius auquel il succède la même année à la Johanneskirche, tirant profit du succès d'un motet composé pour l'élection du nouveau conseil municipal. Cette année 1681 marque le véritable début de sa carrière. En 1682, il entreprend l'étude du droit à l'Université de Leipzig; esprit brillant et curieux, il approfondit les sciences les plus diverses: langues anciennes, langues étrangères (Italien et français), philosophie et théologie. C'est ainsi que, tout en exerçant la charge d'avocat, il succède à Kühnel en 1684 au poste d'organiste de Saint Thomas, bientôt cumulé avec les fonctions de kantor de Saint-Nicolas et Saint-Thomas et de directeur de la musique de l'université.
On ignore ce qui, en 1705, au fait de sa gloire, le conduit à quitter Leipzig pour une mystérieuse retraite. Son décès est annoncé à Leipzig, en 1722, dans la chronique de Johann Salomon Riemer: "Le 5 juin mourut Monsieur Johann Kuhnau, Director Musices des deux églises principales de Saint-Thomas et Saint Nicolas, ainsi que de l'église Saint-Paul de l'université, et Kantor de la Thomasschule, âgé de soixante-deux ans et deux mois, homme cultivé, expert dans son art, et qui non seulement possédait une bonne connaissance de l'hébreux, du grec et du latin, mais encore, en plus de sa musique, était un parfait mathématicien et avait été, avant d'assumer la charge de Kantor, un docte avocat".
Les musicologues modernes n'ont pas reconnu en Kuhnau un compositeur de premier plan, éclipsé sans doute par la personnalité de son successeur à Saint-Thomas. Aussi n'ont-ils pas su trouver trace de l'interprète et de l'improvisateur exceptionnel dont le souvenir est évoqué avec véhémence, près d'un demi-siècle après sa disparition, par Charles Burney ("L'état présent de la musique en Allemagne... " 1772): "Mattheson reconnu les progrès considérables de Handel..., et qu'il était devenu encore plus fort, comme improvisateur de fugue et de contrepoint, que le célèbre Kuhnau de Leipzig, considéré pourtant à l'époque comme un prodige. "
Son influence et son autorité musicale sont attestées par la haute estime que lui manifeste la famille Bach. Kuhnau, en 1695, est le premier compositeur pour clavier à indiquer par le terme de "sonate" des compositions en plusieurs mouvements. Bach qui a réutilisé plusieurs textes de cantates de Kuhnau, aurait écrit en 1730, en hommage à son prédécesseur, une septième partita pour clavier; il possédait en outre de nombreuses partitions de Kuhnau qui sont plus tard passées dans le patrimoine de la famille Bach (Andreas Bach Buch, 1754, Bibliothèque de Leipzig). Contrairement à la musique vocale, l'œuvre pour clavier, imprimée du vivant du compositeur, a traversé les siècles sans trop de dommages: Préludes et fugues, toccata, "Neue Clavier Übung" (Leipzig -1/1689 Il / 1692), "Frische Clavierfrüchte oder 7 Sonaten von guter Invention und Manier" (Leipzig, 1696) et surtout, "Musicalisch Vorstellung einige biblischen Historien, in 6 Sonaten, auf dem Claviere zu spielen".
Ces six "Sonates Bibliques", modèle inégalé du genre descriptif, constituent probablement le meilleur titre de gloire de Johann Kuhnau. Elles sont à rapprocher du "Capriccio sur le départ du frère bien-aimé" composé en 1704 par le jeune Johann Sebastian Bach. L'avertissement au lecteur qui précède ces sonates, mélange curieux de langue germanique, de français et de latin, évoque Johann Jakob Froberger et l'univers des tombeaux chers aux luthistes français; il donne une liste d'ingrédients musicaux à doser dans l'art de la description (mode, rythme, harmonie... ), et commente les procédés d'imitation au clavier du chants des oiseaux (coucous et rossignols) ou des autres instruments (trompette... ).
Un texte narratif de Kuhnau - agrémenté parfois de considérations personnelles! -, résumé des épisodes de l'Ancien Testament, encadre les différentes sections musicales, dont certaines (récits de combats et scènes amoureuses! ) sont très démonstratives...
Johann Kuhnau |
CD 1 & 2 |
Suonata prima | Le combat de David et Goliath |
orgue | |
Suonata seconda | David soigne Saül par la musique |
clavecin | |
Suonata terza | Le mariage de Jacob |
orgue | |
Suonata quarta | La maladie mortelle d'Ezéchias |
orgue | |
Suonata quinta | Gédéon, sauveur d'Israel |
clavecin | |
Suonata sesta | Mort et enterrement de Jacob |
clavecin | |